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1916 / Verdun, la reprise du fort de Douaumont

Visiteurs au fort de Douaumont (Verdun), aujourd'hui.

Visiteurs à Douaumont, aujourd'hui.

Durant l’offensive de la Somme, la bataille de Verdun se poursuit. Le Général Mangin, lui-même originaire de Lorraine, opère dans le secteur de Souville, là où les allemands ont approché au plus près de Verdun. L’auteur de la « force noire » a, au mois de septembre, dans ses rangs des tirailleurs sénégalais fraichement arrivés : les 43° et 36° BTS. Conscient de la faible formation de ces derniers, il décide de les encadrer avec des troupes de choc. Zouaves, légion étrangère, chasseurs, sont appelés en renfort…

Toutefois, le constat est toujours le même quand il s’agit de jeunes tirailleurs. L’ardeur au combat ne manque pas, bien au contraire. Le 36° BTS perdra plus d’un tiers de son effectif au cours des attaques. Mais, comme au bord de l’Yser, la bravoure frise souvent l’inconscience et la discipline qui fait, dit-on, la force des armées, manque cruellement à ces jeunes combattants. Ce qui entraine depuis le début du conflit, une certaine méfiance de l’état-major et des hésitations quant à leur emploi.

Cependant, quelques semaines, plus tard, les tirailleurs sénégalais, vont participer à la reconquête des forts pris par les allemands autour de Verdun. Toujours emmenés par le général Mangin, alors que le général Nivelle commande les opérations, les tirailleurs vont reprendre le fort de Douaumont les 24 et 25 octobre. C’est à n’en pas douter leur plus illustre fait d’armes de la Grande Guerre.

Le Régiment d’Infanterie Coloniale du Maroc, qui compte des AOF dans ses rangs et deux compagnies somaliennes, participe à l’offensive aux côtés des 36eme et 43ème Bataillons de Sénégalais. Mangin, qui avait échoué en mai sur le même objectif, a mis toutes les chances de son côté et procédé à des répétitions. Un champ de bataille a été reconstitué à Stainville près de Saint-Dizier. Rien n’a été laissé au hasard. Les efforts de Mangin vont être récompensés. Alors que le RICM semble marquer le pas devant la résistance acharnée des allemands, les Bataillons de Tirailleurs Sénégalais s’élancent en première ligne, enlèvent les mitrailleuses allemandes, et combattent au corps à corps, au coupe coupe et à coups de crosse. Les allemands refluent. Leur résistance est brisée.

« A elle seule, la compagnie Marzoyer fait 600 prisonniers et s’empare d’un butin considérable. Les zouaves, témoins des exploits des noirs, les soutiennent et expriment leur admiration par des hourras et des applaudissements » relate Alphonse Séché, dans son ouvrage « les noirs ». Chaque abri, chaque tranchée est l’occasion d’un combat. Le fort est repris dans « un élan irrésistible » et une percée de deux kilomètres dans les lignes ennemies a permis de reconquérir le terrain perdu en février 1916. Les pertes sont importantes… comme toujours.

Le rôle déterminant des BTS est mis en avant. Le 36ème BTS obtient la citation suivante : « le 24 octobre, s’est porté à l’attaque des lignes allemandes dans un ordre parfait. A enlevé brillamment la première ligne ennemie, puis, s’y reformant, a emporté l’objectif final assigné après une énergique progression de plus de deux kilomètres ». La citation souligne l’ordre parfait de l’attaque, alors que la critique, jusqu’alors la plus souvent adressée aux sénégalais, portait généralement sur le côté désordonné de leurs assauts.

Au soir du 24 octobre, alors que Pétain avait déclaré le 10 avril 1916 « Courage, on les aura », Nivelle peut confirmer « Bravo, on les a eus ».

Les tirailleurs sénégalais participeront également à la reprise du fort de Vaux le 2 novembre 1916, avec la même fougue, ce qui leur valut la même reconnaissance. Mangin ne se réjouira pas longtemps de ces succès. L’année suivante, au chemin des dames, il sera qualifié par ses détracteurs – de plus en plus nombreux -  de « boucher des noirs ».

Le Régiment d’Infanterie Coloniale du Maroc (RICM) est un régiment de troupes coloniales françaises créé au Maroc. Il compte dans ses rangs principalement des français de la métropole et aucun marocain.