Allez au contenu, Allez à la navigation, Allez à la recherche, Changer de langue

Le « français tirailleur »

Manuel du "français tirailleurs"

Manuel du "français tirailleurs"

Le maniement des armes et des outils n’était pas la seule préoccupation de la journée. L’apprentissage du français était au programme : le français « tirailleur », le « p’tit nègre » que la plupart des sous –officiers et officiers avaient adopté pour s’adresser aux tirailleurs sénégalais, au grand dam de beaucoup, qui considéraient qu’il s’agissait d’une marque de mépris, dès qu’ils comprenaient que ce charabia, avec tous les verbes à l’infinitif et le terme « Ya bon » mis à toutes les sauces, n’avait pas grand chose à voir avec le français habituellement pratiqué.

Certes il était nécessaire de se faire comprendre rapidement sur un champ de bataille, au risque de créer des mouvements désordonnés comme il s’en était produit sur certaines zones de combat. C’est pour cette raison que ce langage avait été mis au point par l’état-major. Mais ce  jargon est rapidement devenu stigmatisant pour ceux à qui il était imposé. Ce ne fut qu’après la guerre que cette pratique disparut et fut même totalement interdite par le règlement militaire en 1927.

Ce « français tirailleur » et l’image « bon enfant » des combattants africains eurent rapidement des prolongements dans la société de l’époque avec la création, dés 1915, de la publicité « Y’a bon Banania » utilisant l’image d’un tirailleur pour vanter les qualités d’un produit censé donner « force et vigueur » aux soldats du front, à qui il en sera « généreusement » offert.

Titre de l'ouvrage: Méthode d'enseignement - Français tel que le parlent les sénégalais.