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Camps de regroupement

Entrainement au camp d'hivernage

Entrainement au camp d'hivernage

De même que l’on avait longtemps considéré que les européens ne pouvaient travailler en Afrique, en raison du climat, on considérait désormais que les africains ne pouvaient efficacement combattre  en Europe l’hiver en raison d’un climat rigoureux qui ne leur convenait pas. Cette très sommaire théorie des climats aboutit à la décision de prévoir à partir de  1915/1916 un hivernage pour les combattants africains. L’épisode des Dardanelles, vécu dans de très mauvaises conditions climatiques, avait confirmé l’Etat Major dans ses préventions.

Deux camps furent organisés en métropole.  Le Camp du Courneau – nouvellement créé sur la commune de La Teste de Buch dans le département de la Gironde accueillit 15 000  hommes – et les camps de Fréjus Saint-Raphaël 17.000. Le camp du Courneau, trop humide, rebaptisé « le camp de la misère » fut fermé en 1918. Outre les tirailleurs sénégalais, les autres coloniaux trouvaient également refuge dans ces camps : malgaches, indochinois, somalis, canaques.

Les conditions de vie y sont difficiles, mais supportables. Les baraques Adrian règlementaires, au sol cimenté, ne sont pas toujours en bon état et en quantité suffisante. On utilise aussi des  tentes rondes marabout. Mais cela vaut bien le confort des tranchées. Réfectoire, infirmerie, sanitaires, douches, magasins, poste de police, et tous les services annexes nécessaires à la vie des régiments complètent le dispositif des sites de regroupement.

Cette période d’hivernage était mise à profit pour l’instruction des nouvelles recrues et la remise à niveau des plus anciens. On dispose d’un champ de tir et d’un terrain de manœuvre. On apprenait à franchir des barbelés, à creuser des tranchées et même à défiler. La période d’instruction dure 4 mois environ. Lever à 4 h du matin, déjeuner à 5h, début des entrainements dans la foulée, une pause à midi et la journée d’instruction militaire se finit vers 17h. C’est alors pour le plus grand nombre, les musulmans, le moment de la prière dans une mosquée à ciel ouvert.

Le soir, au pied de l’Esterel ou près du bassin d’Arcachon, on joue au Wali, un jeu bambara, et on se partage la Neffa, tabac à priser du Sénégal, qui sera même distribué gratuitement à partir de 1916 dans les hôpitaux des tirailleurs sénégalais. Repos les jeudi et dimanche. Et pour distractions, l’achat de babioles  avec la solde, notamment a Fréjus auprès des « mercantis » qui assiègent le camp, et la fréquentation des cafés pendant les rares créneaux horaires où cela était autorisé. Les autorités militaires organisent également des conférences et surtout des séances de cinématographe qui ravissent leurs publics.

Les contacts avec la population sont plutôt bons. Même si l’on signale ici et là quelques tapages dus à l’alcool, aucun fait de délinquance n’est signalé. Des arrêtés d’interdiction d’alcool ou de limitation seront pris. Dans une petite ville comme Fréjus, la présence du camp est par ailleurs source de revenus. Comme ailleurs, le tirailleur sénégalais peut se transformer en travailleur sénégalais, dans les ateliers, sur les chantiers, ou au moment des récoltes.